Nouvelles humoristiques

Un drôle de patient

 

C’est l’histoire drolatique et à souhait d’un patient impatient de se rendre au cabinet.

 

─ Monsieur, asseyez-vous et dites-moi ce qui vous amène.

─ Ce qui m’amène ? Ben, ma voiture, docteur ! Mais si je vous disais plutôt pourquoi je suis venu. Voilà, depuis quelques temps je me sens tout drôle…

─ Hu, hu !  

─  … du coup, ça fait rire les gens !

─ Je ne vous suis pas.

─ Ben non, vous êtes en face à moi.

─ Hu, hu…

─ Vous voyez, je fais rire ! C’est une calamité, docteur !

─ Voyons ! Tout le monde rêve d’être drôle. Moi le premier. Mais mes blagues n’amusent personne, même pas ma femme. Dès que j’essaye, elle me dit que je lui raconte des histoires.  Du coup, elle s’énerve ; ce qui fait des histoires à n’en plus finir. Et si j’ai le malheur de lui dire que les plus courtes sont les meilleures, elle ajoute, dans un p’tit rire moqueur : « Les plus courtes, les meilleures ? Tu dis ça pour te rassurer. » 

─ C’est sûr, vu comme ça, docteur… 

─ Bah, je prends tout ça avec le sourire !  Quand il marchait sur l’eau, Jésus a dit un truc cool : dans la vie, si t’es pas gai, tu rames ! Alors, je ne suis pas amer, je ne suis même pas votre père. Pourtant, laissez-moi vous donnez ce conseil paternel :  être drôle est une bénédiction, je vous assure.

─ Ah non ! c’est moi qui vous assure. C’est mon travail : je suis assureur.  Et si je vous assure une maison, le chien de la famille ou la tête de votre épouse – mettez ça dans l’ordre que vous voulez – je peux aussi vous assurer qu’être drôle dans ce métier n’a rien de rigolo. Pour mes clients, j’fais pas sérieux. Ils rient jaune. Du coup, j’essaye de les rassurer, mais comme je les ai déjà assurés, ils refusent de l’être une seconde fois. Alors, ils se lèvent, et cette fois c’est eux qui m’assurent… qu’ils ne reviendront pas. D’ailleurs moi-même, j’en reviens pas ! Et quand ils me claquent la porte au nez, paf ! ça m’fait un nez rouge. Et là, c’est mes collègues qui rigolent. Vous voyez, j’m’en sors pas !

─ Vous vous payez ma tête, monsieur !

─ Moi non, mais mon patron si. Hier, il m’a dit : « Richard, vous, vous êtes impayable, alors je n’ai plus les moyens de vous garder. Vous êtes viré. »

─ Et comment avez-vous pris la nouvelle ?

─ Ben, comme la porte… dans la gueule ; que j’ai fermée d’ailleurs.

─ La porte ?

─ Non, ma gueule. Et puis, je suis parti… en fermant la porte. Docteur, il faut m’aider.

─ Allons, venez que je vous examine… Soufflez.

─  Pff, pffff…

─ Je vois… hum, je vois ce que c’est… Un problème de respiration.

─ De…. quoi ?

─ un problème d’air, si vous préférez. Vous en prenez trop à chaque inspiration. Or, quand on a trop d’inspiration, on est drôle sans le vouloir.

─ Qu’est-ce qu’on peut faire, docteur ?

─ Changer d’air. Je vous prescris immédiatement un séjour à Megève. M-E-G-E accent grave-V-E. Là-bas, vous serez plus grave, comme l’accent. Et puis, en altitude, l’air est plus rare ; et quand on en a plus l’air, on déjà moins drôle.

 « Ah ! » a fait le patient. Et il est parti. En sortant du cabinet, il a failli tomber, s’est rattrapé de justesse. Dommage, s’est dit le docteur, ç’aurait sûrement fait une bonne chute à cette histoire.

Une réponse à “Un drôle de patient”

  1. Sabrina P. dit :

    Ahah,

    Je la connais cette nouvelle 🙂 ! Toujours un plaisir de la relire, surtout des mois après et dans une telle période ! Tu vois, comme promis, je refais surface, en écriture, en lecture et sur les blogs !

    Belle journée parten’AIR d’écriture!

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