Récits "d'hiver"

Fleur de celle…

(Scène unique : un Pokémon Electrik : Pikachu, un Poke Ball, un poke bowl, une rue, un lavoir)

Pikachu refusait de manger son poke bowl ; depuis hier, il se sentait balle au nez. Il éternua : Pikat’choum ! Poke Ball, ce satané ballon, lui irritait le pif tout autant que les oreilles. Mange ton poke bowl, mange-le, lui répétait cet imbécile, ou je t’attraperai. 
Poke bowl ou Poke Ball ? II fallait se décider. Pikachu sentait le jaune moutarde de son pelage lui monter au nez : « Pas de poke pour Pika ! 
– Por qué* pas de poke ? demanda le Poke Ball.
– Porqué* pas de poke ! répliqua le Pokemon.
– Por qué ? insista le Poke.
– Porqué ! redonda le Poke.
– Etcetera, latina le premier.
– Kai ta loipa, grecqua le second.
– Etj, albana l’un.
– အက်စတီတာရာ, birmana l’autre.
– Et bla, bla, bla… »
Nul n’y comprenait plus rien – Pikachu encore moins –, tant est si bien qu’à la fin ça ne rendait rien. Ce vers des Rita l’irrita. Pas de bol pour Ball, la tension montait. Dieu que ce Poke Ball prenait le chu de Pika ! (qui découvrit par là – maigre compensation – l’origine raccourcie de son p’tit nom). Soudain, le Pokemon, bien qu’immobile, s’emporta. Oh, la colère que piqua Pika ! Tzoug ! un coup d’élec. Piouf, adieu l’pauv’ mec !
– So what, agonisa le Poke Ball.
– So watt ! oraisonfunebra le Pokemon Electrik.
– Je die ! (traduc : jai daille) mourut le Poke Ball donnant là à son corps défendant la réponse à une histoire drôlement amusante appréciée des amateurs de Star Wars : « Quand tu lances une gousse d’ail et qu’elle te revient dessus, on appelle ça le retour du… ? » 

Mais, tel le battement d’aile du papillon – celui du lépidoptère national nippon, communément appelé Sasakia Charonda –, ce coup de foudre en déclencha un autre : Lara, une Pokegirl qui passait par là, en reçut le flash. « Je die » mourut – d’amour cette fois – la demoiselle, en tombant tout à la fois sur le sol et sous le charme de Pika.
De la voir, du lavoir, Pika accourut – ha couru ! – jusqu’à la rue. Tout chose, il… Lara, massa. La belle Pokegirl sasakiacharonda des paupières. « Pokemon ! se présenta Pika, tout intimidé.
– Mon Poke … mélangea Lara, tout aussi retournée que ses paroles.
– Hé ! mais… continua Pika.
– Aimais », couina Lara.
L’amour ! l’amour s’était invité au premier regard. Pika en restait sans voix ; lui, qui n’avait pas mangé son poke bowl, en avait avalé sa langue. Les mots… l’émo… l’émotion lui serrait la gorge. Tout en lui devenait étrange, étranger : les lieux, son corps, son âme elle-même qui lui soufflait : « Elle m’aime ! » Plus ils se caressaient des yeux, plus ils s’aimaient, et s’aimaient, et s’aimaient… et plus les pensées de Pika, elles, essaimaient. En lui, autour, partout, elles devenaient fleurs, effleure, effleure-la des yeux, Pika, effleure ; et fleurs, encore. Orchidée, Lotus, ou roseau… De fleurs en pot en pot de fleurs, à fleur de peau, en proie à de doux affres, il imaginait, ces fleurs, lui en offrir un pot, heu… pardon : un peu, beaucoup, à la folie ! Oh ! il était fou, ivre d’espoirs, grisé de rêves, saoul d’un… Soudain…

Lara battit des paupières ; par ce geste chassant la magie de l’instant. Alors, elle se releva, et partit sans un mot. Comme ça.
Pauvre Pika ! La belle s’était fait la belle. Lui… s’était fait personne !

*por qué : pourquoi – porqué : parce que

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